samedi 10 février 2007

La dictature des non-fumeurs

France 24 - jeudi, 1 février 2007

La France interdit le tabac dans les lieux publics. S'agit-il d'un dictature des non-fumeurs ou de mesures efficaces de santé publique? Sandrine Cabut, journaliste à Libé et Yves Belaubre de Cigare & Sensations en débattent.

A voir ici.

vendredi 9 février 2007

« L'interdiction du tabac s'inscrit dans une logique citoyenne »

PHILIPPE-JEAN PARQUET PROFESSEUR DE PSYCHIATRIE ET D'ADDICTOLOGIE
Le Monde, Article paru dans l'édition du 28.01.07

Comment s'inscrit l'interdiction de fumer dans les lieux publics, qui entrera en vigueur le 1er février, dans l'évolution de la lutte contre le tabagisme ?

Les politiques de lutte antitabac se sont longtemps bornées à une logique de réduction des dommages. Dans les années 1970, on a cherché à diminuer la toxicité du tabac, en imposant aux cigarettiers des normes réduisant la nocivité de leurs produits.

Puis, on a cherché à baisser l'offre, en interdisant la vente aux mineurs, en augmentant les prix et en réglementant la cession de tabac. Ensuite, on a informé la population des dommages liés au tabac, avec des campagnes d'information et de prévention, et les avertissements de danger apposés sur les paquets de cigarettes. Toutes ces actions ont été faites dans l'intention de permettre à chaque citoyen de faire des choix éclairés, l'Etat faisant le pari que les consommateurs seraient responsables.

Dans les années 1990, a émergé la notion d'addiction. Le tabac a alors rejoint la liste des produits fortement addictogènes. C'est à ce moment que sont apparus les produits de substitution et les programmes d'aide au sevrage. Parallèlement, s'est développée l'idée que fumer était contraire à « la bonne santé » et qu'il valait « mieux vivre sans tabac ».

En quoi diffère la politique menée aujourd'hui ?

Aujourd'hui, nous sommes dans une autre position, développée à partir du concept de tabagisme passif. La détermination scientifique de l'existence de dommages chez les personnes côtoyant des consommateurs de tabac, relativement récente, a entraîné l'apparition d'une politique non plus seulement centrée sur le fumeur mais aussi sur son entourage. D'où l'interdiction de fumer dans les lieux publics pour protéger le non-fumeur. Cette politique est légitime dans le sens où elle assure la protection des citoyens, qui est une des fonctions régaliennes de l'Etat.

N'y a-t-il pas un risque de stigmatisation du fumeur ?

Tout le problème vient de la manière dont on pose l'interdiction d'un point de vue éthique. Cette mesure est inspirée des politiques anglo-saxonnes, qui correspondent à un idéal de la pureté, avec l'idée sous-jacente que le fumeur est une personne non responsable, susceptible de causer des dommages à autrui, une sorte de « criminel sanitaire ».

Je ne pense pas, cependant, que nous soyons arrivés à ces extrémités en France. L'interdiction ne vise pas à stigmatiser le fumeur, malgré les efforts de certains ayatollahs de la lutte antitabac. Elle veut s'inscrire dans une logique de politique citoyenne, en promouvant la notion de respect d'autrui.

Ne plus fumer dans les lieux publics ne serait plus seulement cesser de causer des dommages à autrui, mais aussi adopter une position de respect de l'autre, l'éducation à la santé rejoignant là l'éducation à la citoyenneté.

L'interdiction de fumer dans les lieux publics est-elle efficace pour lutter contre l'addiction au tabac ?

Certainement, car elle pose des obstacles à la rencontre entre le produit et le consommateur tout en travaillant sur les représentations négatives du produit. Elle induit ainsi une sorte de contrainte morale comportementale, qui peut conduire à l'arrêt du tabac. On a donc une plus grande chance d'observer une baisse de la consommation de tabac, même si une partie de la population continuera toujours de s'adonner à cette addiction. Sans compter que l'interdiction, perçue malgré tout comme une stigmatisation par un certain nombre de fumeurs, peut induire également des contre attitudes négatives.

Peut-on parler de retour d'une forme d'hygiénisme avec ce genre de mesure ?

Parler d'hygiénisme, c'est faire référence à une situation où un petit groupe de leaders imposerait des règles d'hygiène à autrui sans adhésion de la population. Ce n'est évidemment pas le cas aujourd'hui. Par contre, on peut parler effectivement de la construction d'une forme de conformisme comportemental, certes légitime et efficace, mais qui devra être analysé et pris en compte.

Propos recueillis par Cécile Prieur

jeudi 8 février 2007

Le Champix, nouvelle arme antitabac, arrive chez nous

Pfizer lance son nouveau médicament, sept mois après avoir cédé Nicorette à Johnson & Johnson.

LUNDI prochain, soit à peine plus de dix jours après l'interdiction de fumer dans les lieux publics, le nouveau médicament des laboratoires Pfizer sera commercialisé en France. Il s'agit d'un comprimé contenant un principe actif appelé varénicline dont la particularité est de limiter l'envie de fumer. « Il est évident que ce produit vient à point, c'est une opportunité pour nous », confie au Figaro le PDG de Pfizer France, Louis Couillard.
Opportunité, le mot est faible. Dans un pays qui compte environ 13 millions de fumeurs, l'arrivée de ce nouveau médicament est attendue comme le Messie. Trois mois après l'interdiction de fumer dans les lieux publics, les ventes de substituts nicotiniques avaient augmenté de 53 % en Irlande et de 72 % en Espagne. Nicorette est actuellement la première marque en chiffre d'affaires pour le portefeuille grand public de Pfizer. Elle compte 5 points de parts de marché de plus que son premier concurrent direct, Nicopatch, de Pierre Fabre.
Le succès commercial de ce médicament est d'autant plus attendu que les études menées sont prometteuses : 44 % des fumeurs traités par le Champix pendant 12 semaines, ont stoppé leur tabagisme, contre 18 % avec le placebo et 29 % avec le Zyban, jusqu'à présent seul médicament existant (laboratoires GlaxoSmithKline). Ce qui fait dire au professeur de médecine Gilbert Lagrue que « le Champix est deux fois plus efficace que le Zyban ».
Depuis le 1er février, l'assurance-maladie rembourse les traitements de substitution nicotinique « pour un montant maximum de 50 euros par an et par bénéficiaire ». Ce qui, selon l'organisme, « correspond environ au premier mois de traitement ». Jusqu'à présent, seuls les substituts nicotiniques sous forme de patchs, de gommes, de pastilles ou d'inhalateurs étaient concernés. Selon Louis Couillard, le Champix ferait également partie de la liste. « C'est intéressant pour nous, parce que la diffusion du produit est plus large s'il est remboursé », explique-t-il au Figaro. Les ventes pourraient ainsi être multipliées par deux ou trois. « Avec le remboursement, beaucoup plus de gens vont chercher à se le procurer, confirme Gérard Dubois, professeur de médecine. Même si les prix sont fixés, à la différence des médicaments non remboursés. »
Spéculations autour d'Amboise
Avant son éventuel remboursement, le prix de vente en pharmacie sera libre. Toutefois, le prix du traitement (minimum 12 semaines) sera « moins élevé qu'un paquet de cigarettes par jour », affirme le PDG de Pfizer. Il devrait être facturé autour de 300 euros, voire moins s'il est remboursé. François Dessay, délégué central CFDT Pfizer estime qu'au départ, ce remboursement n'était « pas gagné ». « Si l'on est machiavélique, on peut penser que le remboursement du Champix a été négocié par Pfizer », confie-t-il.
Il faut dire que le contexte n'est pas neutre : le laboratoire américain a en effet annoncé il y a deux semaines, la suppression de 500 postes en France. « On peut faire des efforts pour céder le site d'Amboise (seul centre de R & D, situé en Indre-et-Loire, NDLR) à des repreneurs plutôt que de le fermer ; mais en échange, faites un geste sur le Champix, remboursez-le ! », se hasarde François Dessay. Bernard Poncet, délégué syndical central FO Pfizer, ne partage pas ce point de vue, d'autant plus que, selon lui, « il est peu probable que le site d'Amboise soit sauvé ».

mercredi 7 février 2007

Ce soir ou jamais

Dans "ce soir ou jamais", sur F3 tous les soirs en direct, Michel Testart et Miguel Benarayag discutent A propos des interdictions et de fumer en particulier.

mardi 6 février 2007

Interdire de fumer dans les maisons et les autos pour protéger les enfants?

Selon le Dr Larry Bryan, médecin albertain, une loi devrait être votée pour interdire aux parents de fumer dans les voitures et les maisons. Il soutient que les enfants exposés à la fumée secondaire devraient être en droit de poursuivre leurs parents.
Source: PsychoMédia - Canada

Le jour d'après

Editorial
Par Renaud DELY
Libération : vendredi 2 février 2007

L'interdiction de fumer dans les lieux publics est une formidable décision synonyme de grand bond en avant pour l'art de vivre à la française. Après le covoiturage, découvert à l'occasion des grandes grèves de transports de décembre 1995, le cofumage en plein air est un nouveau prétexte tout trouvé pour inviter les Français à se rapprocher les uns des autres. «Vous avez du feu ?» Digne de la méthode syllabique chère à Robien, l'interpellation relève du b.a.-ba de la drague et résonne souvent comme une invitation au plaisir. D'ailleurs, la cigarette descend sur le pavé et vient compléter, aux côtés des couleurs fluo, des jupes audacieuses ou des chapeaux improbables, la panoplie de celles et ceux qui aiment à s'y faire remarquer. Dorénavant, dans la rue, quiconque veut attirer l'attention ou susciter l'étonnement se devra d'arborer aussi une clope au coin du bec. Une bouffée et le tour est joué ! Les regards se posent sur l'effronté érigé en vedette ou en suspect, voire les deux à la fois. Vilipendé, montré du doigt, objet de sarcasmes, le fumeur s'est vécu hier en héros du premier jour d'après. La prohibition du tabac dans les lieux fermés va peut-être réhabiliter la délation, ce sport national tombé en désuétude au fil du temps. Dénoncé par son collègue, le fumeur aura tôt fait de se rêver en résistant exhalant des volutes provocatrices pour faire dérailler le train-train du quotidien. D'autant que les inspecteurs auront beau multiplier les descentes, les fumeurs frondeurs de l'intérieur (FFI) n'auront qu'à se muer en fumeurs fiers de l'extérieur (FFL) pour tenir bon. La cigarette deviendra dès lors instrument d'orgueil retrouvé pour le piéton à bout de filtre. Poussé dehors, celui-ci se découvrira même de nouveaux complices. Depuis hier, les trottoirs se repeuplent, et c'est tout un réseau de fumeux maquisards qui sort de l'ombre. L'époque a les combats qu'elle mérite.

lundi 5 février 2007

"Je me souviens"

NOUVELOBS.COM | 01.02.2007

JE ME SOUVIENS d’une époque pas si lointaine où tout le monde fumait. Oui, tout le monde. Où les non-fumeurs étaient aussi rares que demain les fumeurs. Les prolos fumaient des « Golduches » et les aristos jouaient du fume-cigarette. Une époque où le Président Georges Pompidou répondait aux interviews télévisées cigarette aux lèvres. Et où Jacques Chirac montait les marches de Matignon, la clope au bec. Je me souviens que lorsqu’on était lycéen et qu’on n’avait pas assez d’argent pour se payer un paquet de cigarettes, on les achetait par 4 et que ça s’appelait des « P4 ». Je me souviens d’une époque où la cigarette n’était pas taboue. Mieux, elle était un élément de séduction, la meilleure manière de se donner une contenance que l’on n’avait pas quand on est encore jeune. Des « P4 », on est passé aux « Gauloises », avant d’adopter les Gitanes puis les Marlboro qui nous semblaient le comble du chic. Il y avait même des gens qui fumaient la pipe. En public. Et des gens qui fumaient des cigares. On fumait partout. Je me souviens des films de Claude Sautet où tout le monde y allait de sa clope. Dans les cafés, dans les trains, sur les quais de gare, Je me souviens de la voix rauque de Jean-Paul Sartre et de ses fameuses « Boyards », alors qu’il y a deux ans, à l’occasion du centenaire de sa naissance on a retouché une photo du catalogue de la BNF, pour ne pas contrevenir à la loi Evin, effaçant la cigarette comme autrefois on retouchait les photos du Politburo après chaque purge. Je me souviens du jour où la cigarette de Lucky Luke s’est transformée en un inoffensif brin d’herbe parce qu’on avait appris en 1994 que le fameux cow-boy Marlboro était mort d’un cancer du poumon. Je me souviens de Gainsbourg, perdu dans des volutes de fumée et je l’imagine mal aujourd’hui accepter ces nouvelles interdictions. Et pourtant nous nous y sommes adaptés. Nous sommes arrêtés de fumer. Plus ou moins vite. Avec des rechutes. Puis nous devenus des victimes potentielles du tabagisme passif. Il a fallu attendre juillet 2003 pour que la vente de tabac soit interdite aux mineurs. C’est que nous sommes entrés dans une autre époque, plus hygiénique. Dans une nouvelle ère. La fin d’un processus qui a commencé au XIXème siècle, avec les progrès réalisés dans l'assainissement de l'eau et qui se termine provisoirement par l’interdiction aujourd’hui de fumer. J.-M. B.

(le jeudi 1er février 2007)

par Jean-Marcel Bouguereau,
rédacteur en chef au Nouvel Observateur et éditorialiste à la République des Pyrénées, pour laquelle a été rédigé cet article

dimanche 4 février 2007