Pfizer lance son nouveau médicament, sept mois après avoir cédé Nicorette à Johnson & Johnson.
LUNDI prochain, soit à peine plus de dix jours après l'interdiction de fumer dans les lieux publics, le nouveau médicament des laboratoires Pfizer sera commercialisé en France. Il s'agit d'un comprimé contenant un principe actif appelé varénicline dont la particularité est de limiter l'envie de fumer. « Il est évident que ce produit vient à point, c'est une opportunité pour nous », confie au Figaro le PDG de Pfizer France, Louis Couillard.
Opportunité, le mot est faible. Dans un pays qui compte environ 13 millions de fumeurs, l'arrivée de ce nouveau médicament est attendue comme le Messie. Trois mois après l'interdiction de fumer dans les lieux publics, les ventes de substituts nicotiniques avaient augmenté de 53 % en Irlande et de 72 % en Espagne. Nicorette est actuellement la première marque en chiffre d'affaires pour le portefeuille grand public de Pfizer. Elle compte 5 points de parts de marché de plus que son premier concurrent direct, Nicopatch, de Pierre Fabre.
Le succès commercial de ce médicament est d'autant plus attendu que les études menées sont prometteuses : 44 % des fumeurs traités par le Champix pendant 12 semaines, ont stoppé leur tabagisme, contre 18 % avec le placebo et 29 % avec le Zyban, jusqu'à présent seul médicament existant (laboratoires GlaxoSmithKline). Ce qui fait dire au professeur de médecine Gilbert Lagrue que « le Champix est deux fois plus efficace que le Zyban ».
Depuis le 1er février, l'assurance-maladie rembourse les traitements de substitution nicotinique « pour un montant maximum de 50 euros par an et par bénéficiaire ». Ce qui, selon l'organisme, « correspond environ au premier mois de traitement ». Jusqu'à présent, seuls les substituts nicotiniques sous forme de patchs, de gommes, de pastilles ou d'inhalateurs étaient concernés. Selon Louis Couillard, le Champix ferait également partie de la liste. « C'est intéressant pour nous, parce que la diffusion du produit est plus large s'il est remboursé », explique-t-il au Figaro. Les ventes pourraient ainsi être multipliées par deux ou trois. « Avec le remboursement, beaucoup plus de gens vont chercher à se le procurer, confirme Gérard Dubois, professeur de médecine. Même si les prix sont fixés, à la différence des médicaments non remboursés. »
Spéculations autour d'Amboise
Avant son éventuel remboursement, le prix de vente en pharmacie sera libre. Toutefois, le prix du traitement (minimum 12 semaines) sera « moins élevé qu'un paquet de cigarettes par jour », affirme le PDG de Pfizer. Il devrait être facturé autour de 300 euros, voire moins s'il est remboursé. François Dessay, délégué central CFDT Pfizer estime qu'au départ, ce remboursement n'était « pas gagné ». « Si l'on est machiavélique, on peut penser que le remboursement du Champix a été négocié par Pfizer », confie-t-il.
Il faut dire que le contexte n'est pas neutre : le laboratoire américain a en effet annoncé il y a deux semaines, la suppression de 500 postes en France. « On peut faire des efforts pour céder le site d'Amboise (seul centre de R & D, situé en Indre-et-Loire, NDLR) à des repreneurs plutôt que de le fermer ; mais en échange, faites un geste sur le Champix, remboursez-le ! », se hasarde François Dessay. Bernard Poncet, délégué syndical central FO Pfizer, ne partage pas ce point de vue, d'autant plus que, selon lui, « il est peu probable que le site d'Amboise soit sauvé ».