lundi 5 mars 2007

La fin annoncée du narguilé

COMMERCES. LES BARS À CHICHA CRAIGNENT L'APPLICATION DE L'INTERDICTION DE FUMER DANS LES LIEUX PUBLICS EN 2008.

La Dépêche du Midi
03.03.2007


L'interdiction de fumer dans les lieux publics sera totale au 1er janvier 2008. Certains commerces sont en sursis pour moins d'un an : les bars à chicha.

Au Chicha Lounge, une dizaine de jeunes sont assis autour dun narguilé, se faisant passer le tuyau pour fumer. On évolue dans un brouillard qui ne semble pas gêner la clientèle.

« Si les gens viennent ici, c'est pour fumer avant tout », explique Amrane, le patron de l'établissement. Et pour la question du personnel, le jeune homme est clair : « C'est pas comme les grands bars, c'est familial. Ça ne nous pose aucun problème de travailler dans ces conditions ».

Une dizaine d'endroits de ce type sont apparus à Toulouse ces dernières années.

DES ENDROITS PRÉVUS SPÉCIALEMENT POUR ÇA

Amrane a ouvert il y a à peine 7 mois et ne comprend pas : « On nous laisse ouvrir alors que dans un an on va peut-être mettre la clé sous la porte. C'est dommage de briser les ailes de jeunes qui montent un commerce ». D'autres produits que le narguilé sont évidemment proposés : thé, boissons fraîches ou pâtisseries comme à la Rose des sables. « Mais c'est le narguilé qui fait venir les gens ici », précise Mohamed, affairé derrière son comptoir.

Les consommateurs ne comprennent pas non plus. Vincent aime ces endroits. « C'est sympa de fumer ici, avec un bon thé et quelques potes à côté », explique le jeune homme avant de tirer une bouffée. Et d'ajouter : « Pourquoi empêcher les gens de fumer dans des endroits spécialement conçus pour ça ? » À côté de lui Mélanie ajoute : « Ça ne résoudra pas le problème de santé. Si ça ferme, on fumera chez nous, mais ce sera moins agréable comme cadre. »

Le seul espoir qui reste à ces commerçants, c'est qu'une dérogation leur soit accordée étant donné que leur activité est basée sur la consommation du tabac. « Ça se fait dans d'autres pays », justifie Amrane. Une pétition circule d'ailleurs sur Internet, demandant une exception pour les bars à chicha, afin de « ne pas voir disparaître ces lieux de détente et de convivialité ». Le temps presse, Amrane et Mohamed ont moins d'un an pour espérer une modification éventuelle de la loi.

R.Cazamea