Xavier Bertrand: «Je ne vais pas changer mes habitudes»
15 heures, ce lundi, passation des pouvoirs, avenue de Ségur, au ministère de la santé et des solidarités. Xavier Bertrand refile le bébé à son ministre délégué, Philippe Bas. L’assemblée fait une ovation au partant qui, à peine sorti du ministère, retire sa cravate. C’était la règle qu’il s’était fixée. Quand il est ministre, cravate. Et quand il est porte-parole du candidat Sarkozy, col ouvert. Xavier Bertrand répond, par téléphone, à nos questions.
Maintenant que vous connaissez les dossiers, et que vous êtes plutôt apprécié, vous partez. Quelle drôle d’idée...
Non, c’est tout simplement, parce que je pense que les choses doivent être claires. A partir du moment où je me suis engagé avec Nicolas Sarkozy, je m’engage totalement. De plus, au ministère, les gros dossiers sont clairement sur les rails. Je pense partir, sans laisser de poussière sous le tapis.
Votre plus belle réussite, pourtant passée inaperçue?
Au-delà de la gestion des crises sanitaires, c’est peut-être la préparation face aux nouveaux risques sanitaires, et le vote en particulier au parlement de la création d’un corps de réserve sanitaire.
Votre meilleur souvenir?
Le tabac. Le 1° février 2007, jour d’entrée en vigueur du décret. Ce matin-là, quand j’ai vu les gens, dehors, à la porte de leur entreprise, qui fumaient pour certains. On s’est regardé, ils souriaient, et je me suis dit que c’était gagné.
La réunion la plus longue que vous avez dû supporter?
Je pense que c’était celle, l’été dernier, avec les chirurgiens. On a passé des heures et des heures. Et ce n'était pas simple, car tout ne dépendait pas que de moi, mais aussi de l’Assurance maladie. Ce sont les situations les plus délicates quand on n’a pas toutes les clés en mains.
Votre plus grosse engueulade?
La dernière, en tout cas, a été lors des discussions avec l’Assurance maladie sur le prix de la consultation des médecins généralistes. Cela faisait deux ans qu’on le savait, deux ans que l’on avait dit que la médecine générale devenait une spécialité médicale. Et que, donc, le prix de la consultation devait suivre. Je ne comprenais pas pourquoi on était arrivé à cette situation de blocage. Une autre colère? Quand on m’a dit qu’il ne fallait pas publier le baromètre des infections nosocomiales, que c’était dangereux. J’ai dit qu’il était hors de question de le repousser.
Votre échec?
J’aurais aimé que les restaurants deviennent non fumeurs au 1° février. Mais juridiquement ce n’était pas possible. Et c’est d’autant plus dommage que les esprits y étaient prêts. Mais aussi la gratuité de la télévision pour les enfants hospitalisés. Je ne trouve pas normal qu’ils doivent la payer.
Votre plus grande peur?
Ce n’est pas un sentiment qui m’anime. Par contre, au moment de la canicule de l’été dernier, j’avais la crainte que les fortes chaleurs au début de la journée ne se poursuivent, et que cela se traduise par des morts.
Une injustice que vous avez ressentie ...
Votre article. Quand vous avez parlé dans Libération d’un ministre invisible. Cela étant, il m’a obligé à plus communiquer. Le temps en politique vous est toujours compté. Vous disiez aussi que j’avais perdu tous les arbitrages, ce qui n'était pas vrai. Mais c’est vrai qu’après, j’ai cessé d’être toujours discipliné.
Le dernier fou rire au ministère?
Ce matin, dans les propos de mon directeur de cabinet, Jean Castex, qui a parlé des rêves qui allaient m’animer dans les semaines qui allaient venir.
Qu’est-ce que vous regretterez dans votre bureau?
Rien, car je vais reprendre les objets de ma ville que j’avais amenés. Dont une boussole, car j’ai été adhérent du club de la boussole. C’est important de ne pas perdre le nord.
Ce n’est pas trop dur de dire comme porte-parole l’inverse de ce que vous disiez comme ministre?
Ce n’est pas le cas. Car je ne suis pas du genre à changer de position, Je revendique la cohérence.
Et votre prochain ministère?
Je ne me suis jamais posé cette question. Et comme cela m’a plutôt bien réussi, je ne vais pas changer mes habitudes.