«Le plus difficile, dans cette mise en scène sinistre de notre mort annoncée, c'est que cette propagande maladie-cancer met à nu le secret du fumeur, son intime souffrance, un aspect visible de son rapport à la mort. Et le fumeur trouve cet étalage obscène, tout comme la croisade des hygiénistes antitabac. Ce "fumer tue" auquel sont accrochées tant de choses et qu'on ne veut pas lâcher , cette espèce de paradoxe de devoir envers soi-même, imposé de l'extérieur, moi, ça me rend très sombre, cette infantilisation : oui, je ramasserai mes mégots dans la rue, je ne fumerai plus au café, et oui, c'est moi qui suis ridicule quand je me cache à mon âge pour fumer là où c'est interdit, dans le train surtout. Et franchement, je ressens comme une tragédie qu'on essaie de s'opposer à mes pulsions de mort. La clope compulsive est toujours noire, du côté de l'incinération, des cendres, de la destruction par le feu.»